La fête du Travail est l’occasion de célébrer les droits des travailleur·euse·s, les salaires équitables, la sécurité d’emploi et les normes de sécurité, qui ont été durement acquis grâce à l’organisation et à l’action collective. Mais derrière les barbecues et les défilés se cache une histoire plus profonde de solidarité et d’équité. À l’occasion de cette fête du Travail, RHIEC met en lumière la manière dont les syndicats du secteur de l’électricité au Canada contribuent à faire progresser l’inclusion en milieu de travail en retraçant leur histoire et en partageant les réflexions des dirigeant·e·s syndicaux·ales de l’ensemble du secteur.
La fête du Travail : un héritage canadien de résistance et de réforme
Les origines de la fête du Travail remontent à 1872, lorsque le syndicat des typographes de Toronto s’est mobilisé pour obtenir une journée de travail de neuf heures. Leur mobilisation a contribué à la légalisation des syndicats et a jeté les bases de la reconnaissance de la fête du Travail comme jour férié national en 1894.
Un nouveau mandat : réconciliation, équité, diversité, inclusion et accessibilité
Le mouvement syndical canadien est en pleine évolution. Outre leurs préoccupations traditionnelles, les syndicats se concentrent désormais sur la réconciliation, l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité. Ce virage tient compte du fait que les expériences professionnelles ne sont pas toutes identiques et qu’une véritable solidarité doit inclure tout le monde.
Historiquement, beaucoup de travailleur·euse·s étaient exclu·e·s du marché du travail et du mouvement syndical. Les peuples autochtones, les travailleur·euse·s racialisé·e·s, les nouveaux·elles arrivant·e·s, les femmes, les personnes 2ELGBTQIA+ et les personnes en situation de handicap ont souvent été laissés pour compte.
Certains syndicats ont interdit l’adhésion aux travailleur·euse·s noir·e·s, chinois·es et sud-asiatiques, les contraignant à occuper des emplois moins bien rémunérés et moins sûrs. Les femmes et les travailleur·euse·s en situation de handicap ont été victimes d’hostilité. Les travailleur·euse·s 2ELGBTQ+ ont souvent caché leur identité pour éviter de perdre leur emploi ou le soutien du syndicat. Les attitudes capacitistes, les lieux de travail inaccessibles et les politiques d’exclusion limitaient la participation des travailleur·euse·s en situation de handicap.
Cette exclusion est progressivement en train d’être éradiquée.
Aujourd’hui, les syndicats réinventent la défense des intérêts. Ils adoptent un langage inclusif, forment des conseils consultatifs autochtones et mettent à jour leurs procédures pour lutter contre le harcèlement et la discrimination. Ils militent en faveur d’une conception universelle et de l’accessibilité. En plaçant la réconciliation, l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité au cœur de leurs activités, les syndicats bâtissent un avenir juste et inclusif pour le monde du travail. Ils défendent les droits des travailleur·euse·s et redéfinissent les voix qui méritent d’être entendues.
« L’inclusion consiste à modifier les rapports de force afin de valoriser les personnes qui ont été marginalisées par le passé et qui continuent de l’être aujourd’hui », explique Rebecca Caron, présidente de la Society of United Professionals. « En écoutant les leaders autochtones et les membres méritant l’équité, j’ai été amenée à repenser ma conception de la solidarité. »
Des piquets de piquetage aux lignes d’équité : le mouvement syndical réinventé
Aujourd’hui, les syndicats assument de nouvelles responsabilités, s’attaquant aux vestiges du colonialisme, au capacitisme, au racisme, au sexisme et à la transphobie.
Ils s’engagent en faveur de la vérité et de la réconciliation, intégrant des appels à l’action dans leurs formations et leurs politiques. Certains établissent des relations avec les communautés autochtones et plaident en faveur de changements systémiques.
« Notre syndicat a toujours vigoureusement soutenu le processus fondé sur le consentement de la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) », explique Mme Caron. « Depuis 2010, nos membres participent activement aux évaluations techniques et aux activités de mobilisation en première ligne auprès des communautés autochtones. Le processus a suivi de près le modèle du consentement libre, préalable et éclairé tel que décrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. »
« La Society of United Professionals n’a jamais cessé de militer publiquement pour le respect des droits des Autochtones dans le cadre de la décarbonisation et de l’électrification de l’énergie en Ontario », poursuit-elle. « À tous les niveaux, [nous] continuerons à utiliser notre force collective pour promouvoir une transition qui soit non seulement résiliente face aux changements climatiques, mais aussi socialement juste. »
Michelle Holmes, membre du conseil de direction national de la Canadian Union of Skilled Workers (CUSW), déclare : « À travers des conversations avec des membres autochtones, des séances de vérité et la confrontation à des vérités dérangeantes, [j’ai] fini par considérer la réconciliation comme un processus actif et continu. [Nous] ne pouvons aller de l’avant qu’en nous engageant à suivre cette voie ensemble, dans le respect, la confiance et un objectif commun. »
L’accessibilité va désormais au-delà des mesures d’adaptations physiques. Les syndicats plaident en faveur d’un recrutement inclusif, de parcours d’apprentissage accessibles et de principes de conception universelle, particulièrement essentiels dans des secteurs tels que l’électricité et la construction.
« Nos comités chargés de la réconciliation, de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’accessibilité mobilisent à la fois les membres et les employeur·euse·s », explique Pam Rafeiro, conseillère auprès du comité des relations autochtones du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Secteur Énergétique. « L’accessibilité et le bien-être ne sont pas des suppléments, ils sont essentiels à la manière dont nous soutenons nos membres. »
« Dans le cadre de la négociation de conventions collectives, nous veillons à ce que les travailleur·euse·s en situation de handicap et les autres groupes méritant l’équité ne soient pas laissés pour compte », explique Mme Caron. « Nous veillons à ce que l’équité soit intégrée dans la pratique, et pas seulement dans les principes. »
Les syndicats du secteur électrique canadien : un leadership déterminé
Le secteur canadien de l’électricité évolue, porté par l’innovation, la durabilité et le développement de la main-d’œuvre. Les syndicats du secteur de l’électricité et des énergies renouvelables jouent un rôle essentiel. Ils militent pour une amélioration équitable des compétences, des conditions de travail plus sécuritaires et une plus grande diversité, en particulier dans les métiers.
« Les valeurs de réconciliation, d’équité, de diversité, d’inclusion et d’accessibilité sont ancrées dans notre structure axée sur les membres et […] dans notre constitution », explique Mme Holmes. « L’équité n’est pas une réflexion après coup; c’est notre façon de travailler, de gouverner et de grandir ensemble. »
« Notre plan d’action pour la réconciliation avec les Autochtones s’inspire des appels à l’action de la CVR », explique Mme Rafeiro. « Il s’agit d’une feuille de route que nous utilisons pour transformer la culture syndicale et influencer les employeur·euse·s. »
RHIEC constate directement comment les syndicats ouvrent la voie pour bâtir une main-d’œuvre non seulement prête pour l’avenir, mais aussi accessible et inclusive pour tout le monde.
De la négociation collective à l’appartenance collective
La réconciliation, l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité sont désormais au cœur du mouvement syndical. Cela nécessite plus que des déclarations ou des actions ponctuelles : il faut un engagement soutenu à écouter et à apprendre.
Les syndicats relèvent le défi en mettant en place des procédures de règlement des griefs plus sécuritaires, en actualisant le libellé des conventions collectives et en renforçant leurs capacités grâce à des formations antiracisme et à des partenariats stratégiques.
Mme Caron explique que la Society of United Professionals « rassemble nos six comités d’équité dans le cadre d’un sommet dédié à l’équité afin d’harmoniser les priorités collectives, de partager les connaissances et d’influencer le libellé des conventions collectives ».
« Le partenariat entre la CUSW, Interval House of Hamilton et le programme de formation MentorAction a permis de récolter plus de 20 000 $ », explique Mme Holmes. « C’est la réconciliation, l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité en action. »
« Notre comité des relations autochtones [est] dirigé par des membres autochtones [et crée] un espace sécuritaire où une représentation authentique et des recommandations fondées sur la culture peuvent guider notre travail », explique Mme Rafeiro. « Les retombées ont été incroyables. »
Les syndicats évoluent dans des systèmes façonnés par le colonialisme, le capacitisme, le racisme et le patriarcat. Pour s’attaquer à ces réalités, il faut faire preuve d’humilité, de courage et d’une volonté de les confronter. Et pourtant, un élan se dessine.
Les syndicats se transforment pour donner la priorité à l’appartenance, à la représentation et à la dignité pour tout le monde. RHIEC soutient ce changement en travaillant avec les dirigeant·e·s syndicaux·ales du secteur de l’électricité pour rendre les lieux de travail plus inclusifs, équitables et accessibles.
« Le mouvement syndical canadien a fait beaucoup de chemin, surtout dans le secteur de l’électricité », explique la directrice générale de RHIEC, Michelle Branigan. « Aujourd’hui, les syndicats ne se contentent pas de négocier de bons salaires et des conditions de travail plus sécuritaires, ils défendent également l’équité, la réconciliation et l’accessibilité de manière puissante et transformatrice. Chez RHIEC, notre fierté est de travailler aux côtés de ces dirigeant·e·s qui font de l’inclusion non plus un principe, mais une pratique quotidienne. Il s’agit plus que d’un simple changement de politique; c’est un effort collectif visant à refaçonner nos lieux de travail et à bâtir un avenir où chaque travailleur·euse se sentira considéré·e, respecté·e et responsabilisé·e. »
En passant de la négociation collective à l’appartenance collective, les syndicats donnent aux travailleur·euse·s les moyens de façonner l’avenir de leur secteur. Cette transformation a une incidence non seulement sur les lieux de travail, mais également sur les communautés et les systèmes.
Et c’est ce type d’héritage qui mérite d’être célébré en cette fête du Travail.
Un mouvement syndical qui s’adresse à tout le monde
La fête du Travail est synonyme d’avancement. Nous avons besoin d’un mouvement syndical inclusif qui respecte les droits des Autochtones, défend l’accessibilité et inclut tout le monde.
RHIEC continue de travailler avec les syndicats canadiens pour garantir une transition énergétique équitable, axée sur la réconciliation et l’accessibilité.
Car l’avenir du travail appartient à tout le monde.
« L’inclusion nous rend plus fort·e·s », déclare Mme Caron. « [Nous] ne faisons pas que bâtir de meilleurs lieux de travail, nous bâtissons un monde meilleur. »